Dil ID: 9
Dil Adı: germany
Dil Kodu: de2tayfun Produkte der Marke Zanussi
Dünyanın En Büyük
Elektronik Bilgi Kütüphanesi



P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
403
IV. Les avoueries liégeoises à l’Epoque moderne
Si l‟on excepte les offices repris en main par les évêques de Liège entre le XII
e
et le XIV
e
siècles, force est de constater qu‟un nombre relativement important d‟avoueries subsiste aux
alentours de l‟an 1500. Comme nous l‟avons vu, les modifications apportées par l‟occupant
bourguignon, aussi spectaculaires soient-elles, n‟eurent pas d‟impact durable dans ce
domaine. Toutefois, la situation était loin d‟être statique : les avoueries continuèrent de
décliner et ce de manière de plus en plus perceptible.
Tout d‟abord, essentiellement aux XVI
e
et XVII
e
siècles, quantité d‟avoueries plus ou moins
importantes vont tout simplement disparaître. Les circonstances de ces disparitions sont
variables. Elles peuvent résulter d‟une volonté épiscopale de supprimer une institution
devenue obsolète et source de troubles, comme à Couvin la fin du Moyen Age et le début
des Temps modernes furent marqués par d‟âpres rivalités de pouvoir entre l‟avoué et le
prévôt. En 1565, le prince-évêque Gérard de Groesbeeck décida ainsi de racheter l‟avouerie
au lignage de Wittem qui la détenait depuis déjà plusieurs générations. Cette manière de faire
n‟est pas sans rappeler les récupérations du Moyen Age. A la différence qu‟ici, il n‟y eut pas
depiscopus advocatus : l‟avouerie proprement dite fut supprimée et ses prérogatives
transférées au bailli de l‟Entre-Sambre-et-Meuse
2486
.
Dans d‟autres cas, la suppression eut pour ainsi dire lieu « par étapes » et découla à la fois de
l‟action de l‟évêque et des hasards de la succession lignagère. A cet égard, Dinant constitue
un parfait exemple. Vers le début du XVI
e
siècle, semble-t-il, une part importante des
privilèges de l‟avoué de cette ville avait été supprimée par le prince-évêque Erard de La
Marck
2487
. Les avoués acceptèrent difficilement d‟être privés de leurs pouvoirs, au point que
durant la décennie 1530, Louis de La Marck réclamait toujours la restitution de certaines
prérogatives ancestrales. Toutefois, ce fut l‟extinction de la branche des La Marck de
Rochefort-Agimont qui porta le coup fatal à cette avouerie. Leur héritier, Louis de Stolberg,
devait ainsi céder le comté de Rochefort-Agimont à l‟empereur Charles Quint en 1555.
L‟avouerie qui était attachée à ce territoire ne semble pas avoir survécu au-delà de cette
période
2488
.
L‟héritage de la période bourguignonne avait d‟ailleurs placé les Habsbourg à la tête de
certaines avoueries prestigieuses. Le titre de haut avoué de Saint-Trond leur revint ainsi en
tant que ducs de Brabant. De même devinrent-ils avoués du domaine de Jupille et du baillage
d‟Amercoeur. En outre, les empereurs Maximilien (1508-1519) et Charles Quint (1519-1558)
revendiquèrent fréquemment
2489
la défunte avouerie suprême sur le pays de Liège qui avait
prévalu du temps de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire. Très souvent esquivée par les
évêques de Liège dans leurs relations avec l‟Empire, cette question n‟eut finalement que peu
d‟impact et perdit sa raison d‟être lorsque fut conclue l‟alliance entre la principauté de Liège
et les Pays-Bas espagnols. D‟une manière générale toutefois, le contrôle des Habsbourg sur
les avoueries liégeoises est un phénomène propre au XVI
e
siècle. Les dernières mentions qui
concernent Jupille, datent effectivement de la fin du siècle
2490
. Par la suite, on peut penser que
2486
S. BORMANS, Cartulaire de la commune de Couvin, p.LXXXVII et p.95.
2487
S. BORMANS, Cartulaire de Dinant, t.3, n°294, p.245-248.
2488
Comme semble d‟ailleurs l‟attester la suppression du passage du serment du prince-évêque relatif aux droits
de l‟avoué. Cf. S. BORMANS, Ibidem., p.57-58.
2489
Cf. notamment P. HARSIN, Etudes critiques…, op.cit., annexe X, p.393-395 & p.418-421.
2490
M. YANS, La pénétration liégeoise..., op.cit., p.963.