P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
Dans certains cas, les avoués firent leur réapparition dans les sources l‟année même, tandis
qu‟ailleurs, comme à Liège, il faut plus de dix ans pour que l‟institution soit rétablie. Quoi
qu‟il en soit, la période bourguignonne laisse peu de traces. Malgré l‟importance qui leur fut
accordée l‟espace de quelques années, les avoueries poursuivent leur déclin inéluctable.
Celui-ci se traduit entre autres par la disparition, au tournant des XV
e
et XVI
e
siècles, de tout
ce qui subsistait encore des prérogatives militaires défensives ou offensives. Le caractère
honorifique de la charge n‟en est que plus perceptible. De même que son aspect lucratif,
devenu désormais le seul intérêt des lignages qui se succèdent au sein des avoueries à un
rythme parfois rapide. L‟ouverture aux autres classes sociales que l‟aristocratie militaire est
plus que jamais d‟actualité, comme l‟atteste l‟apparition d‟avoués de condition cléricale.
Il n‟y a pas à proprement parler de grande rupture entre la fin du Moyen Age et l‟Epoque
moderne. Les caractéristiques propres aux Temps modernes ne sont en fait qu‟une
accentuation de prémisses déjà décelables aux XIV
e
et XV
e
siècles. Le déclin se poursuit donc
avec entre autres conséquences la suppression de plusieurs grandes avoueries, notamment
dans des villes comme Couvin et Dinant. Dans de nombreux autres cas, le sort de l‟institution
demeure obscur : elle disparaît des sources sans que l‟on sache s‟il y eut ou non suppression.
En tout cas, elle est pratiquement partout vidée de sa substance. Si l‟intérêt des lignages à
regrouper les offices est encore d‟actualité jusqu‟au XVII
e
siècle, la détention d‟une avouerie
n‟implique plus pratiquement aucune obligation. Situation qui transparaît dans une ouverture
manifestement encore plus grande à la noblesse de robe, à la bourgeoisie et au clergé. Privée
de son utilité, l‟avouerie continue néanmoins de végéter jusqu‟à l‟abolition de l‟Ancien
Régime avec ça et là des reliquats d‟anciennes prérogatives, particulièrement en matière
d‟exécution des peines judiciaires. Preuve qu‟en terre liégeoise, l‟avouerie demeura, malgré
tous les aléas de son évolution, un élément non négligeable du paysage institutionnel pendant
près d‟un millénaire.