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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
401
manqua pas de dénier au comte de Looz la haute avouerie sur Neer- et Oppiter. Il pourrait
donc très bien s‟agir d‟un document produit ou falsifié dans le cadre de cette contestation.
D‟autant plus que l‟incendie de 1185 qui avait non seulement détruit la cathédrale, mais aussi
nombre d‟archives capitulaires, facilitait considérablement la tâche des faussaires
2472
.
7. Réflexion sur l’efficacité des procédures
D‟emblée, il apparaît que les instances judiciaires, qu‟elles soient laïques ou ecclésiastiques,
se montrèrent le plus souvent indulgentes. Et quand bien même la justice parvenait à modérer
les ambitions d‟un avoué Ŕ que ce soit par un accord à l‟amiable ou par le biais de sanctions Ŕ
la transmission de l‟office à son successeur suffisaient souvent à tout remettre en question.
Quand les abus ne recommençaient pas aussitôt... Les conflits qui sévirent dans certaines
avoueries telles que Momalle, Crehen, Kemexhe, Hodeige ou encore Ougrée pendant
plusieurs générations suffisent à en témoigner.
Déjà difficile à gérer à quelques lieues de Liège, la situation l‟était encore davantage dans les
domaines plus éloignés. C‟était notamment le cas dans les possessions rhénanes de Saint-
Martin qui, au cours du XIII
e
siècle, furent à plusieurs reprises victimes de leurs avoués
2473
.
On peut d‟ailleurs se demander si l‟abandon par la collégiale de l‟ensemble de ses domaines
rhénans entre 1244 et 1277 n‟était pas motivé, du moins en partie, par les exactions des
avoués.
Plus près de chez nous, cette relative impuissance débouchait fréquemment sur des mesures
de compromis, pour ne pas dire de capitulation. Telle la décision prise en 1369 par l‟abbaye
de Saint-Laurent de concéder en fief à son avoué de Momalle, feudataire de l‟avoué de
Hesbaye, l‟exercice de la justice et le titre de seigneur, auxquels lui et ses prédécesseurs
n‟avaient cessé de prétendre
2474
. La mise en place d‟une forme de « tribut », visant à acheter
le départ des avoués ou, du moins, leur renoncement aux déprédations, atteste tout autant de la
crainte que ceux-ci continuaient à inspirer au XIII
e
siècle. A Marchin, en 1257, le chapitre de
Saint-Lambert déboursa ainsi 7 marcs de Liège pour libérer sa terre, occupée illégalement par
son « protecteur », l‟avo de Huy Walter VI de Barse
2475
. Quelques décennies plus tôt, à
Kemexhe (1239), des arbitres avaient décidé que les habitants du domaine devraient
désormais payer pour se protéger des déprédations de l‟avoué
2476
. De même, une sentence de
l‟official de Liège prévoyait-elle que le chapitre de Saint-Jean payerait tribut à son avoué de
Bombaye (1248)
2477
.
Restent évidemment quelques cas les avoués furent réellement sanctionnés
2478
. Sur le plan
pénal, des amendes pouvaient être infligées aux exacteurs. Celles-ci atteignaient parfois un
montant fort élevé. En 1230, l‟avoué de Kemexhe, Rigaud, fut frappé d‟amende pour avoir
2472
A. WILKIN, Les biens de Saint-Lambert..., op.cit., p.285, n.1411.
2473
E. SCHOOLMEESTERS, Das Lütticher Stift St-Martin und dessen Einkünfte am Rhein, dans Annalen des
historischen Vereins für den Niederrhein, t.34, 1879, n°4, p.73-74 & n°6, p.75-76 ; cf. également F. BIHAIN,
L’histoire du domaine de Saint-Martin au Moyen Age, Saint-Martin, mémoire de Liège, op.cit., p.23-25.
2474
J. DARIS, Ibidem, p.229.
2475
CSL, t.2, n°DLVIII, DLIX & DLX, p.105-107.
2476
LAHAYE, Ibidem, n°98, p.53-54.
2477
Ibidem, n°121, p.65-66.
2478
En Lorraine, aux XI
e
et XII
e
siècles, on observe la même tendance à « calmer » les avoués soit par un
dédommagement, soit par des menaces. M. PARISSE, Les règlements d’avouerie en Lorraine au XIe siècle,
L‟avouerie en Lotharingie..., op.cit., p.165.