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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
400
procédure. Sans que l‟on connaisse le délai imparti au départ, on observe ainsi que lors d‟un
arbitrage concernant l‟avouerie de Kemexhe, vers 1238, il fallut plus de 18 mois pour que la
sentence fut rendue
2466
. Dans ce cas bien précis, néanmoins, on peut penser que le décès de
l‟évêque Jean d‟Eppes survenu entre-temps (avril-mai 1238)
2467
et le vide de pouvoir qui en
résulta pourraient être à l‟origine d‟un retard.
Le fait que nombre de différends entre les communautés religieuses liégeoises et leurs avoués
aient été glés par le biais de l‟arbitrage durant les XIII
e
et XIV
e
siècles est certainement
révélateur d‟une évolution. Il prouve que, dans certains cas, un climat de confiance pouvait
être établi et les difficultés aplanies sans passer inévitablement par une juridiction déléguée.
L‟usage habituel voulait ainsi que l‟arbitre se comporte davantage en pacificateur qu‟en juge.
Le plus souvent, la décision des arbitres était consignée sous la forme d‟un règlement
d‟avouerie qui déterminait les droits de chaque partie Ŕ avoué et établissement religieux Ŕ
dans les domaines judiciaires, fiscaux, voire militaires. Tous les litiges ne se terminèrent pas
pour autant par un règlement à l‟amiable. En effet, en dépit des engagements et des menaces
de sanctions pénales, certains avoués récusèrent la décision des arbitres et continuèrent leurs
usurpations. Ce phénomène était loin d‟être général, mais il se rencontre à plusieurs reprises.
Dans cette éventualité, il n‟y avait évidemment d‟autre issue que de transférer le litige devant
les instances judiciaires compétentes, qu‟il s‟agisse de l‟évêque, de l‟official ou, surtout à
partir du XIII
e
siècle, des cours échevinales.
6. Les documents faux
Relativement fréquents à la fin du XI
e
et au XII
e
siècle, en particulier dans les abbayes de
Saint-Jacques et Saint-Laurent, les faux règlements d‟avouerie présentent certains récurrents,
notamment en matière d‟interdictions. Une volonté de limiter les revenus et la part des
amendes de l‟avoué, de définir strictement sa participation aux plaids généraux et d‟interdire
le droit de gîte, les corvées et les tailles y transparaît la plupart du temps. De même une
interdiction de la sous-avouerie est-elle fréquemment stipulée
2468
. Par la suite, le recours à la
falsification se raréfie
2469
. Loin de se cantonner aux faux règlements d‟avouerie, ce
phénomène résulte de la multiplication des documents écrits, qui permet une vérification plus
rapide par confrontation et recoupement, mais aussi de la meilleure organisation des
chancelleries et du développement des juridictions gracieuses
2470
.
Il importe néanmoins de noter que l‟usage du faux ne disparut pas totalement dans le cadre
des avoueries liégeoises : Alexis Wilkin signale ainsi le cas d‟un document concernant le
domaine de Saint-Lambert à Neer- et Opitter qui s‟avère probablement faux, ou en tout cas
interpolé. Connu par une copie tardive du XIII
e
siècle, l‟acte en question est daté de 1143. Il
indique qu‟il ne doit pas y avoir d‟avouerie dans les localités concernées. Or, en 1279, à
l‟occasion d‟un litige l‟opposant au sous-avoué des lieux
2471
, le chapitre de Saint-Lambert ne
2466
LAHAYE, Ibidem, t.1, n°98, p.53-54.
2467
A. MARCHANDISSE, art. Jean II d‟Eppes, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t.26, Paris,
1997, col. 1503.
2468
Pour davantage de détails concernant les règlements d‟avouerie falsifiés, le lecteur se reportera aux travaux
de P. BONENFANT, Les chartes de Réginard... et J. STIENNON, Le chartrier de Saint-Jacques... déjà cités, ainsi
qu‟aux chapitres relatifs aux abbayes de Saint-Jacques et Saint-Laurent plus en avant dans ce travail.
2469
C‟est également au début du XII
e
siècle que furent produits la plupart des faux concernant l‟avouerie de
Stavelot. De même que dans les abbayes liégeoises, les faussaires cherchaient à généraliser les interdictions
faites à leurs avoués. Cf. R. PETIT, L’avouerie de Stavelot..., op.cit., p.152-153.
2470
J. FAVIER, Dictionnaire de la France médiévale..., op.cit., p.402-403.
2471
CSL, t.2, n°DCCXII, p.307.