Dil ID: 9
Dil Adı: germany
Dil Kodu: de2tayfun Produkte der Marke Zanussi
Dünyanın En Büyük
Elektronik Bilgi Kütüphanesi



P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
396
liégeois disposait en effet des moyens d‟action adéquats, tant spirituels que temporels, et se
trouvait bien plus proche géographiquement. De ce fait, pourquoi aller jusqu‟à Rome et perdre
un temps vital durant lequel l‟avoué exacteur pourrait poursuivre impunément ses méfaits ?
3. L’évêque et les juridictions ecclésiastiques
Durant les XI
e
et XII
e
siècles, l‟action épiscopale revêt souvent un caractère direct : le prélat
intervient personnellement dans le règlement des litiges. Ainsi en va-t-il dès 1083 concernant
l‟avouerie de Nandrin. Dès cette époque, grâce à l‟instauration de la paix de Dieu (1081),
l‟institution la mieux habilitée pour intervenir est le synode épiscopal mixte qui donnera, plus
tard, naissance au tribunal de la paix. Présidée par l‟évêque, cette assemblée rassemble
nombre de ses grands vassaux, aussi bien laïques qu‟ecclésiastiques. Quant à ses attributions,
elles touchent à la haute justice, voire à la juridiction du sang
2438
.
Le jugement d‟avoués qui, en s‟attaquant à l‟Eglise, avaient enfreint la paix de Dieu entrait
parfaitement dans ses compétences. On en trouve une excellente illustration en 1116, lorsque
le puissant avoué de Saint-Lambert, Renier, dut comparaître devant la cour épiscopale
d‟Otbert pour avoir outrepassé ses droits dans les domaines hesbignons de Landen, Nodrenge
et Hallet
2439
. De même, en 1220, est-ce le tribunal de la paix qui intervient pour mettre un
terme aux prétentions excessives de l‟avoué de Pont-de-Loup et de Châtelet, autres domaines
du chapitre cathédral de Saint-Lambert
2440
. En 1279, c‟est encore devant l‟évêque Jean
d‟Enghien qu‟est porté le litige opposant les collégiales Saint-Martin et Notre-Dame de Huy à
la parentèle de l‟avoué de Huy
2441
. Par la suite, au XIV
e
siècle, ce type d‟interventions semble
se raréfier. L‟assemblée des vassaux de l‟évêque n‟en conserve pas moins son importance
dans toute affaire touchant aux avoueries et pas seulement dans le règlement des conflits.
Ainsi, en 1321, est-ce une assemblée réunissant les grands aristocrates, le haut clergé, mais
aussi les autorités urbaines liégeoises et les délégués des bonnes villes qui fut chargée de fixer
par écrit les droits de l‟avoué de Hesbaye, sur requête de ce dernier
2442
.
Pendant ce temps, devant la tâche de plus en plus écrasante que représentait le gouvernement
de la principauté et la complexité grandissante des procédures judiciaires, les évêques avaient
plus ou moins renoncé à exercer personnellement leur juridiction et confié celle-ci à un juge
ecclésiastique, l‟official. A Liège, ce dernier est attesté pour la première fois sous Hugues de
Pierrepont, vers 1214
2443
. Ses attributions sont doubles : il préside un tribunal ecclésiastique
compétent à la fois pour les causes civiles et criminelles et exerce, par ailleurs, une juridiction
2438
Ibidem, p.460-461.
2439
C.S.L., t.1, n°XXXII, p.52-53 ; A. WILKIN, Les biens de la cathédrale Saint-Lambert..., op.cit., p.277-279.
2440
CSL, t.1, n°CXXIV, p.186-187 ; cf. également C. BILLEN, op.cit.
2441
BORMANS & SCHOOLMEESTERS, op.cit., n°XXIV, p.136.
2442
C.S.L., t.3, n°1051, p.229-232.
2443
L‟apparition de l‟officialité n‟est toutefois pas propre à la principauté de Liège : en effet, l‟institution se
développe un peu partout en Occident, dès le XII
e
siècle dans le nord de la France (Reims), au XIII
e
siècle dans
le midi. L‟officialité liégeoise est toutefois précoce par rapport à d‟autres évêchés de l‟Empire comme Cologne
et Utrecht. P. PIEYNS-RIGO, Notaires d’officialité et notaires publics au service de l’officialité liégeoise (1252-
1337), B.C.R.H., t.132, 1966, p.297-332. Cf. également, P. PIEYNS-RIGO, E. BROUETTE, Regestes des officiaux
des évêques de Liège (1214-1300), B.S.A.H.D.L., t.46, 1966, p.1-139. Citons également une liste des officiaux
établie par E. SCHOOLMEESTERS, Les officiaux des évêques de Liège jusqu’au XV
e
siècle, Leodium, t.7, 1908,
p.113-125 et complétée par E. BROUETTE, Additions à la liste des officiaux des évêques de Liège au Moyen Age,
Leodium, t.45, 1958, p.49-52. En dernier lieu, on verra la synthèse plus générale et relativement ancienne de
P. FOURNIER, Les officialités au Moyen Age, Paris, 1880.