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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
394
Quoi qu‟il en soit, il faudra attendre le XIV
e
siècle pour assister à une diminution des abus et
des litiges en découlant, bien que des avoués particulièrement arrogants aient continué de
sévir jusqu‟à l‟aube du XV
e
siècle. Tel ce Jean de Landris, avoué de Hodeige, qui exigeait
vers 1366 de la collégiale Saint-Denis qu‟elle vienne relever en fief devant lui ses propres
alleux
2432
. Et même par la suite, durant le XV
e
siècle, les avoueries continuent de faire de
temps à autre l‟objet de litiges. Toutefois, la nature de ceux-ci a entre-temps évolué, se
limitant désormais pour l‟essentiel à des contestations juridiques, non suivies de conséquences
sur le terrain telles que pillages et autres déprédations.
En attendant, pendant plus de deux siècles, les églises liégeoises et les habitants de leurs
domaines eurent à subir d‟innombrables violences et spoliations. Nous ne reviendrons pas ici
sur la nature des abus commis par les différents avoués : nous les avons, dans la mesure du
possible, détaillés dans la partie monographique de notre travail. Contentons-nous de rappeler
que l‟avouerie constituait un terrain propice pour les appétits en tous genres. Permettant à
l‟avoué d‟affermir son pouvoir sur la terre qui lui était confiée, elle servait ainsi souvent de
base pour revendiquer la haute justice, voire la seigneurie. Lorsqu‟ils ne poussaient pas
l‟audace aussi loin, les avoués abusaient des privilèges qui leur étaient légalement accordés.
L‟exemple du droit de gîte en constitue une bonne illustration puisqu‟il fut très souvent un
moyen de vivre aux crochets du patrimoine ecclésiastique, non seulement pour l‟avoué, mais
aussi pour les hommes de sa suite. A cela, il convenait d‟ajouter les levées d‟impôts ou
prestations de corvées illégales ordonnées par l‟avoué, les pillages, les destructions et autres
conséquences des guerres privées. Sans parler des tentatives pour s‟approprier le droit de
nomination des instances judiciaires locales, en particulier le mayeur
2433
.
2. Le recours aux autorités supérieures : l’empereur et le pape
Souvent cité parmi les alternatives possibles dans la lutte contre les avoués, le recours à
l‟empereur demeura marginal au sein des églises liégeoises. Seules les abbayes de Saint-
Jacques et de Saint-Laurent semblent y avoir eu recours à la fin du XI
e
et dans la première
partie du XII
e
siècle. Le statut d‟exception de ces communautés par rapport aux autres
établissements liégeois peut s‟expliquer en partie par leur volonté d‟indépendance vis-à-vis de
l‟évêque, ainsi que nous l‟avons déjà suggéré. Le statut féodal de certaines avoueries entrait
également en ligne de compte, notamment à Wasseiges, où l‟avoué de Saint-Laurent, le comte
de Namur, tenait directement sa charge en fief de l‟empereur. Il était donc logique que la
plainte soit portée devant le souverain.
La rareté des interventions impériales dans les avoueries liégeoises est somme toute assez
logique. En effet, si le pouvoir impérial pouvait impressionner un temps les fauteurs de
troubles, l‟éloignement du souverain ne lui permettait pas d‟agir constamment et d‟empêcher
les récidives. Le cas de Vreren illustre parfaitement cette situation : alors même que cette terre
était placée sous l‟avouerie impériale, rien n‟empêcha le duc de Brabant de s‟en emparer par
la force des armes. Le déclin du pouvoir impérial dans nos régions qui débuta au XII
e
siècle
pour s‟accentuer au XIII
e
joua certainement aussi son rôle. De plus, le fait de passer
2432
S. BORMANS, Chartes de St.Denis..., op.cit., n°146, p.129.
2433
Ce droit revenait normalement au seigneur ecclésiastique. Au XIII
e
siècle, le chapitre cathédral fut ainsi
confronté à ce type de problème dans ses domaines de Crehen (1269) et de Neer- et Oppiter (1279). Dans le
premier cas, l‟avoué dut renoncer à ce droit, tandis que dans le second, les échevins rappelèrent que la
nomination du mayeur incombait au chapitre cathédral. Cf. CSL, t.2, n°624, p.191-192 ; n°712, p.307.
Cf. également A. WILKIN, Les biens de Saint-Lambert..., op.cit., p.284-285, notamment n.1410 & 1411.