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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
8
Cette première mention d‟un avoué de l‟Eglise de Liège dans les sources constituera le point
de départ de notre étude. Toutefois, il s‟agit d‟une des très rares données datant du X
e
siècle :
il nous faut attendre encore plusieurs décennies pour que les informations se généralisent. Dès
lors peut-on considérer que le véritable terminus ad quo se situe au début du XI
e
siècle. Le
choix de cette date nous paraît d‟autant plus justifié qu‟il coïncide avec la fondation de six
collégiales et de deux abbayes
24
, dont l‟accroissement du patrimoine foncier influera
inévitablement sur l‟évolution et le développement de l‟avouerie. Pour beaucoup d‟historiens
du passé, l‟avouerie était sensée connaître un déclin relativement rapide, à partir du XII
e
siècle. Estimant sans doute qu‟il ne valait pas la peine de poursuivre les recherches au-delà, ils
ignorèrent son évolution à partir du XIII
e
siècle, de sorte que cette période et les siècles qui
suivent demeurent encore très souvent aujourd‟hui une terra incognita.
Dans cette étude, il ne sera évidemment pas question de s‟arrêter aussi tôt. Etant donné que la
documentation relative aux avoueries y gagne en abondance, les XIII
e
et XIV
e
siècles attestent
que l‟institution conserve de son importance. De sorte que nous fixerons le terminus ad quem
bien plus tardivement, à la fin du Moyen Age, plus précisément après la domination
bourguignonne sur le pays de Liège en 1477. Cette période d‟occupation étrangère méritait
effectivement d‟être étudiée car les ducs de Bourgogne prirent diverses mesures relatives aux
avoueries ecclésiastiques liégeoises. Il paraissait dès lors intéressant d‟examiner cette
question, de mesurer l‟impact des changements et de s‟interroger sur leur durabilité.
Le lecteur ne tardera cependant pas à constater que nous n‟avons pas respecté cette limite
chronologique. Souvent, les monographies relateront l‟histoire des avoueries jusqu‟à
l‟extrême fin du Moyen Age, voire dans bien des cas, jusqu‟en pleine Epoque moderne. Cette
situation découle en fait du caractère parfois arbitraire des périodisations historiques. Comme
nous le verrons, du point de vue des avoueries liégeoises, le passage du Moyen Age à
l‟Epoque moderne ne correspond pas à une profonde rupture. Les principaux changements ont
déjà eu lieu. De plus, lorsque la documentation le permettait, il nous a paru judicieux de
retracer l‟histoire de cette importante institution médiévale jusqu‟à sa fin. Nous l‟avons
néanmoins fait de manière beaucoup plus succincte, laissant à d‟autres le soin d‟étudier en
détail cette période moderne qui dépasse le champ de nos compétences.
Définir l‟espace géographique d‟une étude consacrée aux avoueries ecclésiastiques liégeoises
n‟est pas chose aisée. En effet, nombre de domaines ecclésiastiques soumis au régime de
l‟avouerie dépassent le cadre des entités territoriales bien définies, telles que la principauté ou
le diocèse de Liège. Aussi avons-nous choisi comme base ce qu‟on a coutume d‟appeler la
« terre de saint Lambert »
25
, étendue considérable qui couvre une part importante des actuels
territoires de la Belgique et des Pays-Bas. Sa limite septentrionale se situait sur les rives de la
Meuse, dans l‟actuelle province du Limbourg hollandais, jadis dénommée Texandrie
26
. A
l‟ouest, elle atteignait le cœur du Brabant ; au sud, les profondeurs de l‟Ardenne. En réalité,
notre cadre géographique s‟étendra encore davantage, puisqu‟il englobera également le
domaine de la cathédrale Saint-Lambert à Maidières, une des possessions les plus
24
Les collégiales Saint-Martin, Saint-Paul, Saint-Denis, Sainte-Croix et Saint-Jean furent ainsi fondées ou
achevées du temps de l‟évêque Notger (972-1008). La collégiale Saint-Barthélemy et l‟abbaye de Saint-Jacques
virent le jour sous l‟épiscopat de Baldéric (1008-1018). Quant à l‟abbaye de Saint-Laurent, elle date du temps de
Réginard (1025-1037).
25
Pour davantage de détails, cf. J.-L. KUPPER, Liège et l’Eglise impériale, op.cit., p.523-527. Le lecteur y
trouvera une liste de la plupart des possessions liégeoises au XII
e
siècle ainsi qu‟une carte détaillée.
26
A ce sujet, on verra l‟article de A.-J. BIJSTERVELD, De la Texandrie à la Campine : le nord du diocèse de
Liège aux X
e
-XII
e
siècles, Liège autour de l‟an mil, la naissance d‟une principauté (catalogue d‟exposition),
Liège, 2000, p.45-48.