
P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
méridionales sise dans l‟actuel département français de Meurthe-et-Moselle. De même, à
l‟est, nous atteindrons les cours de la Moselle et du Rhin, dans ce qui constitue aujourd‟hui les
länder allemands de Rhénanie-Palatinat et de Rhénanie du Nord/Westphalie. On y trouvait
effectivement plusieurs domaines excentrés de la collégiale Saint-Martin et de l‟abbaye de
Saint-Jacques dont les avoueries méritaient tout notre intérêt. Bref, l‟espace géographique
couvert par notre étude s‟étendra aussi loin que les biens fonciers des églises liégeoises.
Reste à définir ce que nous entendons par « églises liégeoises ». Nous ne pouvions
évidemment étudier le fonctionnement de l‟avouerie pour l‟ensemble des établissements
religieux de la principauté de Liège. Une tâche titanesque qui aurait nécessité plusieurs
volumes et n‟aurait pu être menée à bien en un temps raisonnable. Il fallait donc opérer une
sélection. Aussi avons-nous choisi d‟emblée de nous limiter aux établissements situés dans la
Cité même de Liège. Par ailleurs, ne seraient reprises que les églises qui existaient déjà ou qui
furent fondées au XI
e
siècle, point de départ chronologique de cette étude. Sur la base de ces
deux critères, dix établissements liégeois « primitifs » aux possessions territoriales plus ou
moins importantes furent retenus. Il s‟agit :
- de la cathédrale Saint-Lambert, qui possédait de loin le plus vaste patrimoine foncier ;
- des sept collégiales : Saint-Pierre, Saint-Paul, Saint-Martin, Sainte-Croix, Saint-Denis,
Saint-Jean et Saint-Barthélemy ;
- des deux plus anciennes abbayes : Saint-Laurent et Saint-Jacques.
Pour l‟essentiel, la partie monographique de notre étude suivra cette sélection sur le plan
structurel. C‟est-à-dire qu‟à chaque établissement religieux correspondra un chapitre étudiant
l‟histoire et l‟évolution de ses avoueries. L‟importance de ces chapitres sera bien évidemment
variable en fonction de la documentation disponible et de l‟étendue des possessions
territoriales de l‟église concernée. Il importe toutefois de souligner que les chapitres consacrés
aux avoueries les plus nombreuses et les mieux documentées Ŕ à savoir celles des possessions
de l‟évêque et du chapitre cathédral Ŕ seront eux-mêmes subdivisés en trois parties. Nous
envisagerons ainsi séparément les avoueries du chapitre de Saint-Lambert, celles de la mense
épiscopale et celles des « bonnes villes ».
Ces dernières constituent effectivement une catégorie très particulière aussi bien du point de
vue politique que de l‟avouerie, ce qui justifie nous semble-t-il un traitement à part. Nous
nous sommes essentiellement concentrés sur les villes dont les avoués apparaissent dès les
XI
e
, XII
e
et XIII
e
siècles. De ce fait, à l‟exception notable de Saint-Trond
27
, il s‟agira avant
tout des « bonnes villes » wallonnes. Les villes thioises, dont bon nombre ne devinrent
liégeoises qu‟après l‟annexion du comté de Looz au XIV
e
siècle, ne seront dès lors pas
abordées. Sur base de la documentation consultée, nous ne sommes même pas certains
qu‟elles connurent le régime de l‟avouerie. Verviers, qui acquit ses franchises très
tardivement, en 1651
28
, ne sera pas non plus traitée. En effet, son avouerie, attestée bien
27
Saint-Trond devint ville liégeoise peu après l‟acquisition d‟une partie des droits seigneuriaux par l‟évêque de
Liège (1227). Cf. à ce sujet, J.-L. CHARLES, La ville de Saint-Trond au Moyen Age, des origines à la fin du XIV
e
siècle, Paris, 1965 ; A. HANSAY, Le partage de la souveraineté dans la ville de Saint-Trond au Moyen Age,
R.B.P.H., t.20, 1941, p.614-618.
28
G. HANSOTTE, Les institutions politiques et judiciaires de la principauté de Liège aux Temps modernes,
Bruxelles, 1987, p.244.