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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
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partie remise car, comme nous l‟avons signalé précédemment, Tourinne fut victime d‟une
deuxième occupation.
Peut-être s‟agissait-il d‟un acte prémédité. Il survenait en tout cas à un moment la position
de l‟abbé Wibald de Stavelot s‟affaiblissait. Conseiller de Conrad III depuis plusieurs années,
Wibald se trouva soudainement privé de son protecteur, qui partit pour la Troisième Croisade
au mois de mai 1147. De surcroît, le pape Eugène III, qui ne semblait guère apprécier notre
abbé, allait trouver un moyen de s‟en débarrasser temporairement : il l‟expédia à la croisade
contre les Wendes
101
.
Quelle plus belle occasion pour Eustache ? Sa nouvelle incursion à Tourinne est difficile à
dater précisément. Elle avait déjà eu lieu en septembre 1147, moment où les moines de
Stavelot en informent l‟abbé Wibald
102
. Se réjouissant de son retour de croisade, ils le
supplient de revenir au plus vite auprès d‟eux et indiquent qu‟Eustache a agi avec le
consentement du comte de Namur, Henri I
er
l‟Aveugle (1139-1196)
103
. Ils font état de leurs
démarches auprès de l‟évêque de Liège, afin d‟obtenir réparation, en vertu du droit canonique,
et lui transmettent les réponses aux lettres qu‟ils ont envoyées.
Peu après, vraisemblablement au mois d‟octobre, Wibald s‟adresse à l‟évêque Henri II de
Leez (1145-1164), qui occupe désormais le siège épiscopal liégeois
104
. Dans sa lettre, l‟abbé
relate ce que lui ont appris ses religieux, indiquant qu‟Eustache s‟est emparé par la violence
de tous les revenus du domaine. Après avoir rappelé que son monastère possédait Tourinne de
longue date, Wibald implore l‟évêque de « mettre fin à la témérité d‟Eustache ». Il lui laisse
également entendre qu‟il préfèrerait être redevable de cette action envers son évêque plutôt
qu‟au pape, sur le point de se rendre en Lotharingie
105
.
Vers la même époque, Wibald rédige une autre lettre, plus courte, destinée au doyen de
Stavelot, Robert, et aux autres religieux
106
. Il les informe de la rumeur, faisant état de l‟arrivée
prochaine du pape Eugène III à Trèves. Si elle se confirme, les religieux doivent attendre son
retour et ils exposeront ensemble cette affaire. Dans le cas contraire, ils devront déléguer le
plus rapidement possible auprès du pape les frères Henri et Erlebald, qui emporteront avec
eux tous les documents concernant Tourinne, en particulier une bulle du pape Innocent,
adressée jadis à l‟évêque de Liège Albéron
107
. L‟abbé de Stavelot dit faire ses bagages et
promet de revenir au plus tôt.
Dans une autre lettre, adressée à Wibald par un moine de Stavelot, il est question de
démarches entreprises par les religieux durant l‟absence de leur abbé. Ce moine, dont le nom
101
G. DESPY, art. Wibald de Stavelot, Biographie nationale, t.30, 1958, col. 814-828. Ŕ P. GEORGE, art. Wibald
v. Stablo, Lexikon des Mittelalters, t.9, col. 57-58 Ŕ J.L. KUPPER, P. GEORGE, Wibald (1098-1158), abbé de
Stavelot-Malmedy (1130-1158), du Mont-Cassin (1137) et de Corvey en Saxe (1146-1158), Liège autour de l‟an
mil..., op.cit., p.62. Wendes : nom que les Allemands donnaient au Moyen Age aux peuplades slaves établies sur
le territoire délimité par l‟Oder, la Spree, la Saale et l‟Erzgebirge.
102
Document postérieur au 8 septembre 1147. Cf. J.HALKIN, C.G. ROLAND, op. cit., t.1, n°189, p.389-390.
103
Ad cumulum quoque miserarium nostrarum accessit, quod Eustachius villam nostram Tornines ex consensu
Namucensis comitis iterum violenter occupavit.
104
Ibidem, n°192, p.392-394.
105
Les relations entre Wibald et Eugène III n‟étant pas des meilleures, peut-être préférait-il sincèrement
s‟adresser à Henri de Leez. On pourrait également voir ici une forme de menace, consistant à recourir à
l‟autorité ecclésiastique suprême.
106
J. HALKIN, C.G. ROLAND, op.cit., n°193, p.394-396.
107
Le document n‟a pas été conservé, mais il s‟agissait fort vraisemblablement d‟une bulle d‟Innocent II (1130-
1143), délivrée pendant l‟épiscopat d‟Albéron II (1135-1145), soit entre 1135 et 1143.