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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
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la puissance des dynastes territoriaux s‟accroît et, par la même occasion, leur intérêt pour les
avoueries. Ils trouvent dans ces dernières un moyen parmi d‟autres d‟étendre leurs
possessions territoriales, procédant souvent par étapes. Mettant d‟abord la main sur l‟office,
ils trouvaient dans ce dernier une base d‟implantation pour revendiquer la haute justice et
finalement la seigneurie. Cette tactique redoutable pour les intérêts liégeois, fut
essentiellement appliquée par les plus puissants des princes, en l‟occurrence les comtes de
Namur et de Louvain. L‟acquisition d‟un certain nombre d‟avoueries par les grands dynastes
se doublait d‟un autre péril : l‟instauration de la sous-avouerie. Les sous-avoués auxquels les
comtes déléguaient le plein exercice de la charge se comportaient ainsi souvent en potentats
locaux, usurpant sans vergogne les biens des communautés qu‟ils avaient la charge de
protéger. De ce fait, la fin du XI
e
siècle peut-elle être considérée comme le point de départ
d‟une « ère des exactions » qui allait durer dans certains cas plus de deux siècles. Sur ce plan,
on distinguerait assez rapidement une différence notable entre d‟une part les possessions de
l‟évêque et de la cathédrale Saint-Lambert et, d‟autre part, celles des églises secondaires,
c‟est-à-dire les collégiales et les abbayes. Ces dernières, plus faibles, victimes de la plus
grande dispersion de leurs territoires, eurent en effet bien plus de démêlés avec leurs avoués.
Leur existence même ne fut pas menacée, mais les abus liés à l‟avouerie se traduisirent par
d‟importants démêlés juridiques, des préjudices économiques, voire, dans certain cas, un
remaniement du patrimoine foncier.
Avec le XII
e
siècle, nous entrons définitivement dans la seconde grande période de l‟histoire
des avoueries liégeoises. Essentiellement caractérisée par la multiplication des abus et des
appétits territoriaux, elle verrait l‟avouerie se muer en véritable ril, ce d‟autant plus que
l‟autorité impériale connaissait un déclin qui ne ferait que s‟accentuer. L‟évêque était donc
pratiquement seul pour lutter face aux ambitions de l‟aristocratie. Il allait néanmoins y
parvenir avec succès. Pour ce faire, il mit en œuvre dès l‟aube du XII
e
siècle (1101), le
système de l‟episcopus advocatus ou évêque avoué. Par ce biais, plusieurs dizaines
d‟avoueries seraient reprises en main tout au long des XII
e
et XIII
e
siècles et placées sous la
protection directe du prélat. Le principe voulant éviter au clergé de verser le sang était ainsi
contourné de manière flagrante. Mais dans la pratique, il n‟y avait pas de grand changement
puisque l‟évêque de Liège jouissait depuis les origines de l‟Eglise impériale des attributs d‟un
véritable prince temporel. Ces récupérations d‟avoueries toucheraient aussi bien les domaines
de la mense épiscopale que ceux d‟églises secondaires. Le chapitre de Saint-Lambert finirait
même par l‟imiter à son tour, devenant le propre avoué de plusieurs de ses domaines dans le
courant du XIII
e
siècle.
Par contre, là où les avoués étaient fiables et sous contrôle, par exemple dans les bonnes villes
ou dans l‟avouerie principale de Saint-Lambert, renommée à cette époque avouerie de
Hesbaye (1129), ce procédé semblait moins nécessaire. Notons que le développement des
bonnes villes qui prit de l‟ampleur à partir du XII
e
siècle, par exemple à Liège avec la charte
d‟Albert de Cuyck (1194-1200), constitua également d‟une certaine manière une garantie
contre les abus des avoués. En effet, dans toutes les villes principautaires, les institutions
urbaines qu‟étaient les échevinats allaient fonctionner de concert avec les avoués et récupérer
une part de leurs prérogatives judiciaires originelles, tout en exerçant sur eux une forme de
contrôle. Celle-ci était entre autres perceptible à travers le serment que plusieurs avoués
urbains devraient prêter devant le mayeur et les échevins. Notons que ce schéma de
fonctionnement devait conférer aux avoueries urbaines un statut bien particulier parmi les
avoueries liégeoises, au point de former une véritable catégorie distincte. Parmi les
caractéristiques récurrentes des avoueries urbaines, on mentionnera la présence de lieutenants