Dil ID: 9
Dil Adı: germany
Dil Kodu: de2tayfun Produkte der Marke Zanussi
Dünyanın En Büyük
Elektronik Bilgi Kütüphanesi



P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
3
INTRODUCTION
Nemo militans Deo ingerit se negotiis saecularibus
1
. En vertu de ce précepte énoncé au I
er
siècle de notre ère par saint Paul dans sa Deuxième épître à Timothée
2
, l‟Eglise s‟efforça
durant toute la période médiévale d‟éviter à ses membres l‟ingérence dans les affaires du
siècle. Certes, l‟enseignement de saint Paul fut maintes fois contourné, à commencer par le
pape et de nombreux évêques qui se comportèrent autant en princes temporels qu‟en hommes
d‟Eglise. Cependant, en interdisant au clergé de porter les armes et, a fortiori, de verser le
sang, il justifia également la naissance d‟une nouvelle institution : l‟avouerie. Dans une
société féodale la violence était omniprésente, celle-ci visait à défendre les biens
ecclésiastiques, que ce soit par la voie judiciaire ou par la force des armes. Cette mission
incomberait à un laïc qui serait généralement qualifié d‟advocatus, terme que l‟on traduira en
français par avoué
3
.
Dans la principauté de Liège où, dès les X
e
et XI
e
siècles, les établissements religieux
connaissent un essor et un développement territorial considérable
4
, l‟avouerie devait
évidemment jouer un rôle de premier plan. Les sources témoignent de son importance s
cette époque, mais aussi bien au-delà. Pourtant, en dépit d‟une documentation relativement
abondante et de son aspect institutionnel extrêmement intéressant, l‟avouerie a jusqu‟ici fait
l‟objet de relativement peu d‟études de la part des historiens de la principauté de Liège. Un
bref examen de l‟historiographie consacrée à l‟avouerie dans nos régions suffira à nous en
convaincre.
Ainsi, en l‟espace d‟un siècle et demi, seuls trois ouvrages de synthèse ont vu le jour. Le
premier intitulé Histoire des avoueries en Belgique fut publié à Bruxelles en 1837 par le baron
Jules de Saint-Genois. Si elle mérite tout notre respect en tant qu‟œuvre pionnière, cette étude
est depuis longtemps dépassée : très fragmentaire, elle repose pour l‟essentiel sur des éditions
de sources ne correspondant plus aux exigences de la critique moderne. Le second ouvrage
consacré à l‟avouerie vit le jour dans la première décennie du XX
e
siècle. Il s‟agit de
l‟Avouerie ecclésiastique belge de Charles Pergameni, paru à Gand en 1907. Si, contrairement
au précédent, cet ouvrage conserve encore aujourd‟hui une part de sa valeur, il ne traite que
brièvement de l‟avouerie des établissements religieux liégeois. Enfin, il y a un quart de siècle,
voyait le jour une troisième synthèse, véritable référence en la matière. Intitulée l‟Avouerie en
Lotharingie, elle réunissait les actes d‟un colloque tenu à Luxembourg en 1982. Ici encore,
toutefois, à l‟exception notable de l‟article de Jean-Louis Kupper consacré à l‟avouerie de la
Cité de Liège
5
, la part occupée par les avoueries liégeoises s‟avérait extrêmement restreinte.
1
Que l‟on peut traduire par « que les combattants de Dieu ne se mêlent pas des affaires du siècle ». Traduction
de J.-L. KUPPER, Episcopus advocatus, Centre de recherches en histoire du droit et des institutions, cahier n°7 :
La souveraineté, Bruxelles, 1997, p.14.
2
II Tim., 2,4.
3
Pour un aperçu général du fonctionnement de l‟avouerie, on verra notamment les articles de synthèse de
R. LAPRAT, art. Avoué, Avouerie ecclésiastique, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t.5,
Paris, 1931, col. 1220-1241 ; M. PARISSE, art. Avouerie, Avoué, Dictionnaire encyclopédique du Moyen Age,
op.cit., t.1, p.160 ; D. WILLOWEIT, art. Vogt, Vogtei, Handwörterbuch zur Deutschen Rechtsgeschichte, t.5,
Berlin, 1998, col. 932-946 ; H.J. SCHMIDT, art. Vogt, Vogtei, Lexikon des Mittelalters, t.8, Munich, 1997,
col. 1811-1814. Sans oublier l‟étude récente de M. CLAUSS, Die Untervogtei : Studien zur Stellvertretung in der
Kirchenvogtei im Rahmen der deutschen Verfassungsgeschichte des 11. und 12. Jahrhunderts, Siegburg, 2002.
4
Concernant le contexte général de l‟époque, cf. J.-L. KUPPER, Liège et l’Eglise impériale, Paris, 1981.
5
L’avouerie de la Cité de Liège au haut Moyen Age, L‟avouerie en Lotharingie, actes des deuxièmes journées
lotharingiennes : 22-23 octobre 1982, Publications de la Section historique de l‟Institut grand-ducal de
Luxembourg, vol. 98, Luxembourg, 1984, p.95-113.