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P. CARRÉ, Les avoueries des églises liégeoises, XI
e
-XV
e
siècles, ULg, 2008-2009
386
lors fallait-il loger et nourrir tous ces gens, ce qui représentait une lourde charge. Elle était
assumée par l‟Eglise et les habitants du domaine.
Deux périodes bien distinctes apparaissent dans l‟évolution du droit de gîte. La première se
situe aux XI
e
et XII
e
siècles et prend la forme suivante. A l‟occasion de chaque plaid général,
l‟avoué reçoit du fait de sa présence une somme en argent ou des vivres. Dans ce dernier cas,
il peut s‟agir d‟un repas comme dans le domaine excentré de Saint-Lambert à Maidières,
l‟avoué et ses hommes d‟armes recevaient deux repas par jour lors de chaque session annuelle
des plaids (1128)
2369
. Toutefois, ces procédés donnèrent rapidement lieu à des abus. En effet,
il était tentant pour l‟avoué de prétendre à ce droit plus souvent que prévu et, sous prétexte
d‟exercer ses fonctions judiciaires, de vivre au crochet de la seigneurie.
Le plus souvent, c‟est la volonté des églises à interdire le droit de gîte qui nous révèle
l‟existence d‟abus. Ce type de disposition se rencontre principalement dans les règlements des
XI
e
et XII
e
siècles. Entre autres exemples, à Vechmaal (1092), à Celles et Yernawe (1101)
2370
,
à Landen, Nodrenge et Hallet (1116), à Fooz (1139)
2371
, etc. Nous ne possédons cependant
que très peu de détails sur le comportement des avoués en la matière. Pour trouver des
données précises, il nous faut nous tourner vers l‟abbaye de Saint-Trond du temps du
redoutable Gislebert de Duras (1088-1136). Certes, l‟exemple dont il va être question sort du
cadre assigné à notre étude
2372
, présente un caractère extrême et son récit manque
certainement d‟objectivité. Il n‟en demeure pas moins révélateur du problème sérieux que le
droit de gîte représentant pour nombre d‟établissements religieux de nos régions au XII
e
siècle. C‟est ainsi que Gislebert se serait introduit dans le domaine de l‟abbaye de Saint-Trond
à Borloo, dont il était l‟avoué, à la tête d‟une véritable armée comptant au minimum 300
chevaux. Il y aurait réclamé le droit de gîte à pas moins de 32 reprises au cours d‟une même
année
2373
.
On comprend dès lors mieux pourquoi nombre d‟églises, faute de pouvoir l‟interdire,
s‟efforcèrent de réglementer strictement le droit de gîte, en particulier le nombre d‟hommes et
de chevaux pouvant accompagner l‟avoué : pas plus de dix hommes et de onze chevaux dans
la terre de Saint-Jacques à Celles, vers la fin du XI
e
ou le début du XII
e
siècle, vingt hommes
d‟armes et vingt chevaux maximum à Maidières en 1128, etc. Ces diverses mesures ne furent
toutefois pas générales et l‟on peut douter de leur efficacité, étant donné que le droit de gîte
subsista pratiquement jusqu‟à la fin du Moyen Age, du moins dans les avoueries qui
demeurèrent aux mains de laïcs. Ainsi le retrouve-t-on sous la forme du porsoin chez les
comtes de Namur en tant qu‟avoués de Hanret jusqu‟au moins la fin du XIII
e
siècle
2374
.
2369
CSL, t.1, n°XXXVI, p.58 ; A. WILKIN, Les biens de Saint-Lambert..., op.cit., p.281.
2370
D. VON GLADISS, op.cit., n°470, p. 635-639.
2371
F. HAUSMANN, Die Urkunden Konrads III. und seines Sohnes Heinrich, Vienne, 1969, n°30, p.47-49.
2372
Les comtes de Duras étaient avoués de l‟abbaye de Saint-Trond et de la ville du même nom, mais cette
dernière ne devint liégeoise qu‟en 1227.
2373
Edition critique par C. LECLERE, Les avoués de Saint-Trond..., op.cit., p.122-124, pièce justificative n°II ;
cf. également l‟article de C. DUPONT, Violence et avouerie..., op.cit. Ces chiffres sont certainement exagérés,
compte tenu qu‟ils proviennent d‟une lettre adressée par l‟abbé de Saint-Trond, Rodolphe, à l‟évêque de Metz,
en vue d‟un procès contre Gislebert de Duras. Le but recherché étant manifestement de noircir le plus possible le
tableau. Ainsi, à titre de comparaison, l‟on sait par exemple qu‟à la même époque, l‟armée liégeoise, en
comptant les troupes de l‟évêque et celles de l‟ensemble de ses feudataires, atteignait tout au plus 1.500 hommes.
Voir C. GAIER, Art militaire et armement au pays de Liège, Liège autour de l‟an mil, op.cit., p.72-76.
2374
C.G. ROLAND, Chartes namuroises inédites, A.S.A.N., t.27, 1908, p.220. Cf. aussi L. VERRIEST, Le régime
seigneurial..., op.cit., p.239.